8 Mai 1895
Chers Parents,
C’est avec un immense plaisir que je vous écris aujourd’hui pour vous annoncer la naissance de notre troisième enfant. María a passé de longues heures à l’hôpital avant d’enfin faire voir la lumière à notre première fille. Nous avons choisi de l’appeler Eréndira, car elle est notre première princesse comme la première Eréndira fut la première des princesses aztèques. Elle se porte bien, c’est un bébé robuste et en pleine forme qui emplit déjà la pièce de cris puissants. Ses frères lui ont rendu sa première visite aujourd’hui. Hakan est déçu qu’elle soit née si tôt, il voulait qu’elle naisse le jour de ses trois ans. Il a passé la journée à réclamer pour l’avoir dans ses bras et nous étions fort déçu de ne pouvoir prendre en photographie son sourire alors qu’il câlinait à la fois sa petite sœur et son petit frère. Cadmael ne se rend pas vraiment compte de la présence de sa petite sœur autrement que par ses pleurs, et souvent l’un fait pleurer l’autre. Il sont de naissances tellement rapprochés, à peine un an d’écart, et je ne doute pas qu’ils seront proches à l’avenir. María espère que vous pourrez très bientôt prendre un transport « moldu » comme elle dit, pour venir voir votre nouvelle petite fille. Elle vous aime comme si vous étiez ses parents autant que les miens depuis que vous l’avez supportée dans la perte de sa famille et tient à ce que vous soyez parmi les premiers à la voir.
En attendant votre visite ou votre lettre, rappelez vous que nous vous aimons et que je suis et resterai toujours,
Votre adoré Dacey.
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3 juin 1903
Chers parents,
Enfin, enfin, enfin ! Je ne saurais dire ma joie et mon soulagement en vous écrivant ces mots, car ce qu’il s’est passé aujourd’hui me libère de bien des inquiétudes. Voilà quelques mois maintenant je ne cesse de vous parler de mes craintes concernant l’avenir d’Eréndira dans la communauté magique. Longuement, je vous ai expliqué les manifestations magiques chez les enfants, et après tout n’avez-vous pas assisté vous-même à la première de ces manifestations chez Hakan ? Vous savez l’importance de cette première manifestation, et la peur qui m’habitait dernièrement face au constat de l’absence de magie chez ma douce Eréndira. Quelle sorcière de huit ans n’a pas encore manifesté la moindre magie ? Oh, cas bien rare et souvent synonyme d’absence… Je vous ai tant parlé de ce que nous sorciers appelons cracmol, et je me souviens de votre choc en apprenant que l’on pouvait si mal voir un sans-pouvoir né de sorciers. La honte m’habite quand je pense à la façon dont certains sorciers les traitent, et je sais pourtant bien que notre société est plus ouverte d’esprit que d’autres. Je me souviens encore de votre promesse de vous occuper d’Eréndira s’il s’avérait qu’elle n’ai pas de magie, et à jamais je vous serais reconnaissante d’avoir voulu l’éloigner de cette haine inexpliquée si besoin avait été. Vous êtes si généreux, je ne saurais jamais vous remercier de tout ce que vous avez pu faire pour moi et notre famille. Ma plus grande crainte était cependant loin d’être la communauté magique, mais bien mon propre foyer. Mes fils n’auraient jamais rejeté leur sœur quoi qu’elle soit, mais je ne voulais traiter mes enfants différemment et je sais au plus profond de moi que cela aurait été le cas.
Mais tout ces soucis sont désormais bien loin. Enfin, Eréndira a manifesté de la magie pour la première fois. Elle jouait avec ses frères comme à son habitude, les trois ayant chacun une poupée dans la main. Je sais que beaucoup de garçons auraient honte de jouer ainsi à la poupée, appelleraient ça des jeux de filles. Je sais d’ailleurs que peut-être, vous n’approuverez pas comme votre fils n’approuve pas. Mais tout ce que je vois de mes yeux de mère, ce sont deux garçons qui aiment leur sœur et jouent avec elle dans le but de lui faire plaisir. Rien de mal finalement, puisqu’il ne s’agit là que de preuves innocentes de l’amour entre eux. Toujours est-il, puisque je m’éloigne de ce dont je voulais parler de prime abord, il ne s’agit pas là d’une lettre sur la tolérance. J’en reviens donc à ma chère Eréndira, qui jouait avec la poupée d’ange que vous lui avez offert lors de son dernier anniversaire. Elle faisait battre les ailes de ses mains pour échapper au vilain roi que jouait Hakan, lorsque la petite poupée s’échappa pour voler d’elle-même. Nous avons d’abord cru à une manifestation magique de la part des garçons, mais ils semblaient tout deux très surpris et Eréndira ne tarda pas à rire de joie en me répétant « Maman, je la fais voler ! Je la fais voler ! » Je crois qu’elle aussi s’inquiétait de ne pas avoir déjà utilisé la magie. Elle voit ses frères l’utiliser constamment par accident et j’ai commencé à apprendre les bases à Hakan. Souvent j’ai vu ses regards envieux. Je me réjouis de savoir qu’elle n’aura plus à être jalouse de ses frères. Oh, tout cela doit vous paraître tellement futile, et ça l’est en effet.
Cadmael m’a encore demandé aujourd’hui s’il vous voyait bientôt. Je n’ai guère pu lui promettre, mais j’espère moi aussi que vous nous rendrez visite sous peu. Vous manquez à toute la famille, quel dommage que nous habitions si loin les uns des autres. J’espère en tout cas que tout se passe pour le mieux de votre côté. Ecrivez-nous vite.
Dans l’attente de vos nouvelles,
Votre dévouée María
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5 Septembre 1906
Chers grand-parents,
Je crois que votre lettre a réussi à convaincre Mère, elle a enfin accepté de me donner mes premiers cours de magie ! Elle dit pour le moment que je ne l’utiliserai pas et que je ne ferais que lire des livres pour apprendre comment doivent être les choses avant de les produire par moi-même. Je n’ai pas encore de baguette de toute façon, mais Cadmael m’a promis de me prêter la sienne en secret. J’ai tellement hâte de pouvoir l’utiliser, j’ai l’impression d’avoir attendu tout une vie ! Hakan est parti de la maison il y a quelques jours et il me manque, mais Mère m’assure qu’il rentrera bientôt. Il est en deuxième année maintenant, je suis sûre qu’il sait énormément de chose, mais il dit que je ne peux pas encore. Il nous a montré la veste de l’école avec l’écusson de son année dessus. L’oiseau qui la représente est magnifique, je rêve du jour où je pourrais avoir le même. Il me dit que l’année prochaine, il aura un écusson de dindon, mais je ne le crois pas. Quelle école utilise un dindon comme symbole ?
Je connais déjà la langue commune, alors ce sera plus facile d’apprendre. Mère dit que je l’ai apprise très vite alors qu’elle la parle à peine à la maison puisque Père ne la comprend pas. J’espère que cela veut dire que je serais la meilleure élève de l’école, je veux faire de la magie mieux que personne !
Je vous embrasse fort,
Eréndira
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18 Novembre 1908
Chère mère,
Longuement, tu m'as parlé de Castelobruxo et de la vie que tu y as menée. Avant d'arriver entre ses murs, j'avais l'impression de déjà en connaître chaque couloir, chaque salle, chaque escalier. Je pensais que tes descriptions me rendraient capable de naviguer dans l'endroit les yeux fermés. Je pensais que je connaîtrai déjà tellement, que je pourrais sourire aux autres élèves en les aidant à comprendre et à faire. Parce que tu m'en as dit tellement, mère, que c'était presque comme si pour moi l'endroit était déjà une seconde maison. Je me voyais déambuler dans ses couloirs, la joie étreignant mon cœur, le sourire étirant mes lèvres, des livres coincés sous le bras et des bonnes notes remplissant mon sac. Est-ce que je me suis bercée d'illusions ? Ai-je trop espéré au point de ne pouvoir n'être que déçue ?
L'endroit est aussi beaucoup que tu me l'as décrit, mais au après deux mois sa beauté a commencé à faner à mes yeux et je ne vois qu'un endroit familier, sans nouvelle surprise. Les livres pèsent lourds dans mes mains et mes notes sont loin d'être aussi bonnes que j'avais espéré. J'ai rêvé toute ma vie de commencer à réellement étudier la magie, seulement pour me rendre compte que je ne suis peut-être pas bonne pour cela. Est-ce que c'est pour cela que j'ai découvert mes pouvoirs si tard ? Était-ce un avertissement disant que je ne saurais pas les utiliser correctement ? Je suis obligée de demander l'aide de Hakan et Cadmael, qui sont très occupés à côté l'un avec les entraînements de Quidditch et l'autre avec son club de duel. Parfois je me demande pourquoi je ne suis pas aussi douée qu'eux, pourquoi je ne trouve mon intérêt nul part. Hakan sait depuis toujours qu'il veut faire du Quidditch et cela fait trois ans déjà que Cadmael veut être auror. Moi, je ne sais pas. Je ne suis bonne nulle part et je n'ai rien qui me motive à être bonne où que ce soit. Est-ce que quelque chose ne va pas avec moi, mère ?
J'attends de tes nouvelles que j'espère meilleures que les miennes, ne t'inquiètes pas trop pour moi. Je vais bien même si je suis pour le moment,
Ta tristoune Eréndira
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20 Juillet 1910
Cher parents,
C’est du MACUSA, le Congrés Magique des États-Unis d’Amérique, que je vous écris. Les vacances se passaient plutôt bien, comme vous devez le savoir puisque vous avez reçu notre précédente lettre. Nous étions très heureux d’enfin pouvoir partir à l’étranger, même si les États-Unis ne sont pas le pays le plus lointain que nous eussions pu visiter. Cela nous faisait au moins un changement d’air, et nous pouvions découvrir une culture qui n’est pas la nôtre. Nous étions en chemin vers un lieu magique qu’il me tardait de montrer à tous, lorsque deux hommes, des sorciers, s’en sont pris à nous. J’aimerai dire que nous en sommes tous sortis indemnes et que tout cela n’aura été qu’une immense frayeur, mais il y a malheureusement plus que cela.
Je sais que les États-uniens n’approuvent pas, récusent même, l’alliance avec des moldus. C’est pour cela que nous avons fait passer votre fils pour un cracmol, ce qui reste bien mal vu là-bas mais déjà plus acceptable puisque, né d’une famille de sorcier, il est impossible qu’un cracmol ne soit pas déjà au courant de leur existence. Cela semblait la porte d’entrée aux lieux magiques, tout cela n’aura finalement été que les portes vers notre agression. L’états-unien, voyez-vous, ne voit pas d’un très bon œil le reste de l’Amérique. Il se considère Américain par son appartenance à son pays et non à son continent, faisant de nous une sorte « d’autre américain », un qui ne seraient assurément pas au même niveau que lui. Nous sommes loin d’être parmi les plus foncés de peau, mais nous ne pouvons pour autant pas passer pour des blancs, encore eut-il fallut que nous le voulions. Ces deux hommes, donc, voyant notre allure de visiteurs et notre teint de peau, n’ont trouvé mieux à faire que de nous héler, nous proférant des insultes et autres mots du genre. Personne, bien sûr, n’a jugé bon de venir à notre secours, soit restant passif, soit hochant la tête, dans les deux cas montrant leur accord clair de la situation. Oh, votre fils a bien tenté de nous défendre, mais voir qu’il ne possédait de pouvoir a envenimé les choses de leur côté. J’ai peur de devoir avouer avoir utilisé la magie, et un duel s’en est vite suivi. J’ai toujours été bonne en duel, j’en avais rejoins le club dans mes années d’études, mais que peut-on fasse à deux hommes qui tentent plus de toucher ceux que l’on aime pour nous déstabiliser ? Un sort perdu, une explosion, Cadmael sur le chemin, voilà ce qui mena au drame.
Je ne peux dire que les autorités sorcières furent bien tendres avec nous. Alors que Cadmaël était conduit à l’hôpital magique le plus proche, le reste d’entre nous était traîné aux bureaux du Macusa. J’étais celle qui avait sorti sa baguette la première, dans une rue sorcière mais assez proche d’un quartier moldu pour manquer d’attirer l’attention, et qu’importe que nous adversaires m’aient provoqués, j’étais considérée comme la responsable de l’histoire. Je n’ai guère eu les mots pour me défendre, et si je les avais eu encore aurait-il fallu que je parvienne à les placer. Pour avoir mis le secret en danger, nous voilà désormais interdits d’entrer à nouveau sur le territoire des Etats-Unis, que ce soit moi-même ou tout autre des quatre aux membres de la famille présents à ce moment. Je me sens si mal, chers parents, j’ai l’impression qu’à tout instant je pourrais me mettre à pleurer ou vomir, ou peut-être les deux à la fois qui sait. Nous sommes actuellement à l’hôpital, nous venons de récupérer Cadmael le temps que les membres du MACUSA préparent de quoi nous faire rentrer. Il est dans un état pitoyable. Sa jambe a été prise dans l’explosion et si les médecins ont été capables de la lui sauver, ils ne purent totalement la réparer. Le voilà donc, seize ans à peine, incapable de marcher sans s’aider d’une canne, lent comme jamais. Il est anéanti, jamais je ne l’avais plus vu pleurer à ce point. « Je ne serais jamais auror, Maman. Je n’ai pas les conditions physiques pour l’être », voilà ce qu’il m’a dit. J’aimerai lui dire que tout n’es pas perdu, mais je sais que même s’il parvenait à intégrer les aurors, il y a peu de chance qu’on l’envoie sur le terrain. Eréndira tente de le consoler. Elle est dans une colère noire, je l’ai entendue crier sur les gens du ministère, leur dire qu’ils étaient injustes et aveugles qu’ils n’avaient pas à punir une famille qui n’avait rien fait. J’ai l’impression qu’à chaque seconde, elle est sur le point de sortir sa baguette pour s’en prendre à un américain.
Je sais que nous vous avions promis de vous prêter notre maison en notre absence, mais celle-ci se voit écourter. Nous serions heureux de vous accueillir, mais la place nous manque malheureusement. Je regrette de devoir ainsi vous chassez de chez nous, mais je n’ai guère le choix.
A jamais vôtre,
María
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17 Octobre 1912
Cher parents,
J’ai trouvé. Longtemps j’ai cru n’être destinée à rien, que jamais quoi que ce soit ne m’intéresserai réellement dans la vie. J’avais vu, dès leur enfance, mes frères se tourner vers des sujets qui ne me disaient à absolument rien. J’avais ainsi cru que je ne ferais que regarder d’un œil lointain le succès de Hakan, si fier sur son balai neuf, avec son maillot de Quidditch neuf, membre d’une équipe toute neuve, avec sa popularité grandissante et toute neuve. J’avais cru que je ne ferais que rester auprès de ce bon vieux Cadmael, l’aider à trouver quelque chose pour combler le manque laissé par son ancien rêve, rendu impossible par son ancienne blessure, à le convaincre que personne ne s’en prendra à lui comme dans cet ancien incident, et qu’il peut cesser de regarder cette montre ancienne qui lui indique s’il est en danger. Mais il se trouve que je sais désormais, il se trouve que j’ai enfin posé les yeux sur ce qui m’intéressait.
Voyez-vous, j’ai toujours eu des notes plus que correctes en Histoire de la Magie, et c’est pourquoi j’avais bon espoir que ce soit de nouveau le cas lors de la présentation que je devais faire sur le premier contact entre les colons blancs et le peuple américain qui se trouvait déjà sur nos terres. C’est en poussant la chose jusqu’à commencer à étudier la peuplade qui vivaient ici auparavant. Ce qui j’y ai trouvé m’a énormément surprise. J’y ai vu une société respectée de ses paires, moldus compris. J’y ai vu une société forte, indépendante, qui possédait sa propre façon de voir et utiliser la magie. J’y ai vu quelque chose d’unique, une identité propre que nous n’avons plus aujourd’hui, détruits et déformés par les européens qui nous ont remodelés à leur image. Pourquoi ne pouvons-nous pas être unique ? Pourquoi ne pouvons-nous pas être qui nous sommes ? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous démarquer d’eux ? Pourquoi ne sommes-nous que ceux à qui ils ont prit le peu de culture magique qui les intéressait pour jeter ce qui restait aux ordures ?
J’ignorais tout cela, beaucoup de monde ignore cela. Oui, on le voit en cours mais nous ne faisons qu’en effleurer le bout, nous parlons plus de ce que nous avons fait par rapport aux blancs que ce que nous étions sans eux. Je veux retrouver cela, je veux que notre culture ne se perde pas parce qu’il est important de savoir d’où l’on vient. Voilà ce que je veux faire, cher père, chère mère. Je veux que nous soyons à nouveau ce peuple respecté, pas ceux dont on se moque et que l’on agresse parce qu’on les voit comme des inférieurs. Je sais où je vais et je ne me suis jamais mieux sentie que maintenant que je le sais.
J’espère que vous vous portez le mieux du monde, car c’est mon cas. Embrassez fort Dahan si vous le voyez, dites-lui qu’un jour sa sœur sera célèbre dans le monde politico-historique comme lui est célèbre dans le monde du Quidditch.
Dans l’espoir d’avoir bientôt de vos nouvelles, je suis et serais toujours,
Votre Eréndira, qui regarde enfin de l’avant
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25 Juillet 1913
Mlle Eréndira María Isabela Márquez-Rivera
Veuillez trouver ci-dessous les résultats de votre examen final, sous format de note sur vingt, à coefficient égal pour chaque matière. Qui plus est, vous trouverez ci-joint les corrections des différents sujets que vous avez traité. En cas de contestation sur une correction, merci de contacter rapidement l’établissement.
Astronomie : 10/20
Botanique : 6/20
Étude des créatures magiques : 8/20
Histoire de la Magie : 18/20
Métamorphose : 11/20
Potion : 9/20
Protection Magique : 12/20
Sortilèges : 15/20
Total : 11,13/20
Statut : ADMIS
Au nom des équipes administratives et enseignantes, nous vous souhaitons toutes nos félicitations et vous encourageons à ne jamais cesser d’apprendre.
Cordialement,
Nasser Araújo
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24 Mai 1916
Cher Hakan,
J’aurais aimé t’écrire cette lettre pour te féliciter de ta victoire lors du dernier grand match, te dire que j’avais appris le score formidable que vous avez marqué au point de presque battre un record. J’aurais aimé pouvoir dire que je t’écris pour prendre des nouvelles de ta femme, de ton enfant, de toi. J’aurais aimé pouvoir dire que ceci n’est qu’une prise de nouvelles, une lettre désintéressée d’une sœur qui aime son frère et pense chaque jour à lui, se demande comment il va, si ce qu’il fait dans la vie lui plaît, s’il veut passer manger chez elle le week-end d’après.
J’aurais aimé t’écrire cette lettre pour te parler de mon nouveau travail au Département des Archives au gouvernement. J’aurais aimé te dire que je m’épanouis dans mon travail, que j’aime passer du temps dans cette pièce remplie de l’histoire d’autrui et pourtant un peu notre histoire à nous, que je ressens dans ces informations du passé ce qui a créé mon moi présent. J’aurais aimé te dire que mes années de recherches universitaire sur notre passé me servent un peu plus chaque jour alors que je me rend compte de l’entièreté de qui nous sommes, qui nous avons pu être et qui nous pourrions être.
Mais je n’écris pas pour tout cela. Je n’écris pas avec la joie au cœur, mais des larmes dans les yeux et je m’excuse si ce parchemin s’en retrouve trempé mais je ne peux me remettre. Mère et Cadmael avaient contracté la dragoncelle et tu le sais. Nous avions espoir de réussir à les soigner, oh je nous revois encore tenter de mettre nos économies en commun pour tenter d’acheter un remède. Mais nous n’avions pas assez, alors nous avons économisé, et tout cela pour quoi ? Nous n’avons pas été assez rapide. Nous n’avons pas récolté tout cet argent à temps. J’ai l’impression que je vais vomir de tristesse et que le monde s’effondre autour de moi. Chaque jour, dans mes recherches et mes archives, je cherche la source de notre existence à nous, à notre société magique, parce qu’il faut comprendre d’où l’on vient. Mais aujourd’hui, ce sont deux sources de qui je suis personnellement qui se sont taries. Sans mère, sans Cadmael, je ne serais pas qui je suis aujourd’hui, je ne serais rien. Je suis désolée, tellement désolée, mon cher frère, de t’annoncer une nouvelle pareille par courrier, mais je n’aurais su attendre que tu rentres à la maison. Rentres, s’il te plaît. Père et moi avons besoin de toi. Je t’en prie.
Je ne sais même pas comment finir cette lettre, alors sache juste que je t’aime,
Eréndira
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14 février 1918
Mon cher Santiago,
Peux-tu le croire ? Mon père m’a arrangé un rendez-vous ! Qui lui a demandé de faire quoi que ce soit ? Ne peut-il pas simplement se mêler de ses propres affaires et me laisser tranquille ? J’ai mieux à faire que de rencontrer tout les hommes qu’il juge digne de moi dans l’espoir que j’accepte d’en laisser un me toucher un jour. Je n’arrive pas à croire qu’il ai pu arranger tout cela sans m’en parler, je suis dans une colère noire. Mais je me rend compte que je ne dois pas être claire, à tout raconter ainsi sans détail et presque dans le désordre, alors laisse-moi te compter ce qu’il s’est passé.
Je rentrais du travail comme à mon habitude en retard, ayant passé tant de temps à classer mes archives que je n’ai pas vu l’heure passer. Lorsque je suis arrivé chez nous, mon père n’était pas seul. Il est rare qu’il reçoive de la visite, aussi étais-je heureuse de constater qu’il avait de la compagnie pour une fois, et me suis rendue dans le salon pour saler mon père et l’homme qui l’accompagnait. Il s’agissait d’un homme de 27 ans, plus âgé que nous donc, et bien que je ne sois pas experte de la chose, il me semble qu’il s’agit là d’un individu que d’autres femmes pourraient qualifier de beau. C’est en tout cas ce qui m’est venu à l’esprit, que les autres devaient le trouver beau. Nous nous sommes mis à parler tout trois et j’ai aussi pu constater qu’il avait de l’esprit, ainsi qu’un travail assez important dans une toute nouvelle entreprise moldue, une chose rare pour un homme à la peau aussi foncée que la sienne, dont les ancêtres cubains se sont à n’en pas douter mélangés à d’anciens esclaves africains. Une demi-heure passa ainsi pendant laquelle j’en appris sur lui, mais lui rien sur moi. Il ignorait mes pouvoirs, bien sûr. Après cette demi-heure, alors que je m’apprêtais à préparer le repas pour mon père et moi, et peut-être notre invité aussi, mon père m’interrompit en m’apprenant que je ne mangeais pas à la maison mais que cet homme, Javier Rivera de son nom, m’emmener à dîner quelque part en tout bien tout honneur.
C’est là que j’ai compris. Mon père n’avait pas fait venir cet homme pour qu’il lui tienne compagnie, mais pour qu’il me rencontre. Cela faisait un moment déjà qu’il me parlait un peu chaque jour de cette personne qu’il avait rencontré, qu’il espérait me présenter parce qu’à mon âge, il faudrait que je commence enfin à songer mariage. J’étais en rage mais je ne voulais pas faire une scène devant cet étranger, aussi suis-je allée comme prévu manger dehors avec lui. Ce serait mentir de dire qu’il n’avait pas une conversation agréable. Il semblait intelligent, sympathique et nous nous sommes assez rapidement entendus, mais ce n’est pas pour autant que je pourrais le considérer pour devenir un potentiel époux futur. Quand je suis rentrée, mon père dormait, mais ce matin il n’y a as échappé. Je lui ai dit qu’il n’avait pas à me prévoir des rendez-vous galants sans me prévenir et que si j’en voulais, je serais tout à fait capable de m’en trouver moi-même, et que de toute façon, je ne voulais pas me marier.
Les moldus n’ont pas les mêmes principes que les sorciers, vois-tu. Il est plus difficile pour une femme moldue de trouver du travail, une chose que l’on considère totalement masculine, et lorsqu’elles parviennent à obtenir un travail on s’attend à ce qu’elles le quittent une fois mariées pour s’occuper de leur mari et leurs enfants. Mon père est un moldu et même s’il connaît la façon de faire des sorciers, il a eu une femme qui restait au foyer et s’attend à ce que sa seule fille fasse de même, laissant son travail à un homme. Je ne le veux pas, et je sais qu’en épousant quelqu’un, qu’importe la personne, je risque de me retrouver forcée de le faire. Voilà pourquoi me marier ne m’intéresse pas, aucun homme ne réussira à être plus important que mon emploi et mes rêves d’avenir. Si seulement mon père voyait les choses de la même façon…
Il ne veut plus de moi dans sa maison, moi qui ne respecte pas le sens de la vie et vogue à contre-courant. Il ne supporte pas de se dire que je vais être dehors dans la protection d’un époux, et il préfère se détacher de moi que de voir ça de ses propres yeux. Je me retrouve donc à devoir vivre chez une logeuse, encore que l’indépendance ne me dérange pas trop bien que j’aurais préféré ne pas la prendre dans de telles circonstances. Penses-tu que je devrais arranger les choses ?
En attente de ta réponse, et en espérant que les choses vont mieux de ton côté,
Ton amie Eréndira
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28 Novembre 1921
A l’attention d’Eréndira Márquez-Rivera
Nous avons l’honneur de vous informer que votre demande de mutation a été acceptée. Nous vous attendons dès Lundi au Bureau pour l'entente magique Inter-Amérique, Département de la Coopération Magique Internationale. Nous sommes heureux d’accueillir de jeunes esprits comme le votre dans notre Département espérons que vous vous y épanouirez. Notez que vous serez tout d’abord soumise à une période d’essai d’un mois avant d’intégrer totalement ce nouveau poste.
Cordialement,
Procopio Hernandez-Silva,
Directeur de Département,
Coopération Magique Internationale
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Mundo magico
Edition du 6 Janvier 1925
Vers la Restitution du SavoirC’est hier que l’Alliance Magique Inter-Amérique a annoncé que serait mis en application un nouveau pan du monde magique latino-américain. Proposé par Eréndira Márquez-Rivera, toute nouvelle cheffe du Bureau pour l’Entente Magique Inter-Amérique, le projet Restitution du Savoir vise à s’affranchir un peu plus de la culture européenne pour revenir aux sources. En discussion depuis plusieurs semaines désormais, les différents gouvernements d’Amérique Latine ont finalement accepté de l’adopter. Si son impact risque de ne pas se faire ressentir immédiatement, les élèves de Castelobruxo verront dès l’année prochaine le programme changer, ajoutant notamment en Histoire de la Magie, Potion, Botanique et Sortilèges des cours supplémentaires traitant des techniques que nos ancêtres natifs utilisaient. Le but : mettre en avant la culture unique et presque disparue de notre pays. Des bourses seront aussi versées aux personnes recherchant des traces de cette culture disparue. Plus d’informations sur notre double-page spéciale, p. 14-15.
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12 Avril 1928
Cher Hakan,
J’ai bien reçu ta lettre et je te remercie de m’avoir prévenue. Je me suis dépêchée de me présenter chez lui. Je sais que nous n’étions plus en bon terme et que je ne lui ai plus parlé depuis des années, mais il reste mon père. Je pense que cela lui fait du bien de me voir, comme ça me fait du bien à moi aussi. Je pense que ma présence lui fait oublier la maladie, comme prendre soin de lui me fait oublier que j’ai raté l’élection pour devenir Cheffe du Gouvernement. Nous nous aidons tout les deux, j’en ai la conviction, et il m’a pardonné mon refus de trouver un époux. Désormais, il me dit vouloir me voir heureuse et rien d’autre. Je ne sais pas s’il le pense réellement, ou si le fait que je m’occupe de lui l’encourage à être gentil avec moi. Qu’importe. Je ne compte pas le laisser tomber. Je retourne vivre avec lui, ne t’en fais pas je serais constamment là pour lui. J’ai déjà engagé une infirmière pour qu’elle s’occupe de lui quand je travaille. J’espère que cela suffira et que nous parviendrons à le sauver…
Je sais que tu es occupé avec tout tes matchs, mais j’espère que tu pourras passer souvent,
Ta chère Eréndira
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25 Octobre 1930
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Je vous informe par cette rapide missive que les discussions au Conseil ont prit fin. Je vous ai comme prévu représenté pour affirmer notre intention de soutenir le Mexique dans cette guerre, et cette aide fut comme nous le pensions acceptée. Nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi d’apporter notre soutien au Mexique, et nous avons bon espoir de réussir à faire rouvrir ses frontières au territoire des États-Unis.
Je vous souhaite bon courage face au travail que vous avez à venir,
Eréndira Márquez-Rivera